Depuis un an, la guerre impose aux enfants de Gaza un quotidien où ils assistent impuissants à la perte de leurs proches, des images qui resteront gravées en eux pour toujours. Terre des hommes (Tdh) appelle à un cessez-le-feu immédiat et soutient psychologiquement ces jeunes.
La vie à Gaza est devenue un cauchemar : pauvreté, famine, conditions d’hygiène déplorables et maladies. Il n’y a rien ou presque. “J’ai été déplacée dix fois”, confie une jeune fille dans un centre de réfugiés. “Je ne mange qu’un repas par jour. Et je tombe malade parce que la nourriture qu’on nous donne est parfois avariée.” Pour des enfants comme elle, le quotidien se résume à survivre. Ils se retrouvent privés de besoins essentiels comme l’école, le jeu, et les liens sociaux.
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Depuis le début de cette guerre, Terre des hommes, principale organisation suisse de défense des droits de l’enfant, concentre son action sur la santé mentale des enfants de Gaza, touchés par un stress psychologique dont l’ampleur est difficile à imaginer.
“Les enfants de Gaza ont vu leurs familles détruites, des êtres chers tués”, explique Shadi Jaber, spécialiste de la santé mentale pour Tdh en Palestine. “Ils vivent chaque jour avec ces images, sous les bombes, sans un instant de répit.” L’insécurité est permanente : “Ils fuient leur maison, encore et encore, et finissent par penser qu’aucun endroit n’est vraiment sûr.”
Beaucoup vivent dans des campements improvisés. Les tentes sont maintenues par des ficelles qui servent aussi à étendre le linge ou pour des parties de volleyball. Partout, les ruines témoignent de la souffrance qui marque le quotidien de Gaza. Les visages des habitants sont empreints d’une profonde désillusion.
Les enfants expriment leur douleur différemment des adultes. “ils se sentent incompris lorsque leurs besoins ne sont pas entendus”, explique Jaber. Terre des hommes, active à Gaza depuis plus de 50 ans, s’engage pour le bien-être des enfants, maintenant et jusqu’à ce que leurs droits soient respectés.
Depuis mars, Terre des hommes envoie un convoi d’aide mensuel vers Gaza avec de la nourriture, des produits d’hygiène et des médicaments pour les familles déplacées, afin de restaurer leur dignité. Elle fournit également un soutien psychologique sur le terrain, en organisant des jeux et des activités pour offrir aux enfants un espace où exprimer leurs émotions. En un an, Tdh a soutenu environ 50 000 personnes, dont 23 681 enfants ayant bénéficié de premiers secours psychologiques.
Pour les enfants, jouer permet de se libérer et d’exprimer leurs peurs. “C’est essentiel, même en temps de guerre”, affirme Jaber. “Nous leur apportons du matériel pour dessiner, chanter, jouer. C’est leur manière de s’exprimer.” Terre des hommes travaille aussi avec les jeunes, comme Mariam, qui, avant la guerre, avait des rêves. “Je voulais devenir ingénieure”, nous dit-elle, “mais depuis la guerre, je sais que ça n’arrivera pas.” Jaber explique : “Nous les écoutons et leur montrons comment agir au sein de leurs communautés, pour ne pas perdre espoir.”
Terre des hommes propose aussi un accompagnement pour les parents, afin qu’ils gèrent le stress au sein de la famille. “L’agressivité est une réaction normale en situation traumatique. Nous aidons les parents à renouer avec leurs émotions et leur donnons des outils pour gérer leur propre stress et celui de leurs enfants.”
Mais cela ne suffit pas. Présente dans les Territoires palestiniens depuis 1973, Terre des hommes appelle aujourd’hui à un cessez-le-feu durable et un accès immédiat aux familles de Gaza, qui font face à un niveau de souffrance sans précédent. Une nouvelle génération d’enfants risque de grandir marquée par la guerre, portant des blessures psychologiques qui entraveront leur développement et leur avenir.
Les enfants ne devraient pas vivre sous la menace constante des bombes, ni attendre des heures pour de la nourriture et de l’eau. Ils méritent de jouer, d’aller à l’école, de vivre comme tous les autres enfants du monde.